« SEXE ». Ce mot fait rougir, souvent c’est tabou.  Il fait fantasmer la majorité des gens, surtout à l’approche des fêtes de Noël, où chacun attend avec impatience la petite anecdote de l’année : le petit flirt, le baiser volé, les regards lumineux, la blague sexiste, les gestes rapprochés… et j’en passe. Oui, tout le monde a un petit sourire en coin quand on aborde le sujet. Tout le monde souhaite être victime de Cupidon : 10 à 30 pourcent des personnes feraient leur rencontre amoureuse sur le lieu de travail. Ça en fait fantasmer plus d’un (avec le temps que l’on passe au travail, c’est quand même un beau site de rencontre, non?). On peut en conclure que le cerveau émotionnel fonctionne même au travail. Qui n’a jamais éprouvé du désir pour sa PDG, son patron, sa collègue, la nouvelle recrue, le stagiaire?  C’est un peu normal aussi, car on passe plus de temps dans notre sphère professionnelle que personnelle.

Or, il y a des personnes qui sourient beaucoup moins dès l’annonce de ce thème. Travaillant dans les organisations, ayant fait plusieurs interventions au niveau du climat de travail, j’ai eu accès à certains témoignages bouleversants et touchants. Certaines personnes ont malheureusement goûté aux blagues déplacées, comme c’est dans le cas d’un policier se sentant obligé de rire aux blagues sur les homosexuels alors, qu’il était lui-même gai. Il se sentait obligé de rire afin de faire partie de l’équipe. Une secrétaire devant écouter son gestionnaire lui répéter qu’il était mieux que son mari et qu’il ne comprenait pas pourquoi elle restait avec un tel homme, alors que lui avait beaucoup mieux à lui proposer (geste à l’appui). Cette adjointe fut tellement bouleversée qu’elle en fut traumatisée jusque dans sa bulle d’intimité. Une professeure d’université se faisant interpeller par quelques étudiants avec des propos du style : « t’es bonne Madame ». Un infirmier n’ayant plus de bulle personnelle en se faisant quotidiennement pincer les fesses par ses collègues. Il me témoignait en détresse : « puis-je être le seul à déterminer qui va toucher mes fesses? ». Une formatrice subissant des blagues sexistes lors d’une conférence et que toutes les personnes présentes dans la salle rient à ces blagues du style : « je te connais-toi, je t’ai vue hier au bar de danseuses ».

Marie-France Hirigoyen affirme que « pour humilier, on vise l’intimité et quoi de plus intime que le sexe? ». Certains exemples, cités pour haut, peuvent faire penser à du harcèlement ou du moins à ses prémisses. Toutefois, sachez que toute situation de harcèlement a commencé par des comportements inadéquats et d’incivilité. Bien souvent les gens témoins de ces situations les ont laissé faire, et ont en même rit.

S’il vous plaît, quand vous pensez que des propos ou gestes sont inadéquats ne fermez pas les yeux, ne vous taisez pas et ne faites pas semblant de rien n’avoir entendu. On sait que si des témoins interviennent les personnes inappropriées cessent leurs actions.

Voilà le côté beaucoup moins glamour du sexe au travail : 332 plaintes de harcèlement sexuel ont été déposées à la Commission canadienne des droits de la personne de 2007 à 2012. C’est 332 plaintes déposées, mais combien de personnes n’osent pas se rendre à ce stade? Et ne laissez pas la loi de l’omerta prendre le pouvoir dans nos organisations. Alors, agissez!

Révision: Josée Goupil

Photo credit: Nykaule / Foter.com / CC BY-ND

Stéphanie est psychologue du travail et des organisations. Elle est passionnée par l’être humain dans toute sa splendeur et sa diversité (l’humain est fabuleux). Elle vibre au son de l’innovation, de la créativité, et du lien social.  Elle est composée de plusieurs années d’expérience dans divers domaines: recrutement, formation, coaching, intervention en climat de travail et intelligence collective. Elle a une devise : se transformer pour transformer le monde.

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