Je ne suis pas née avec l’amour du rose. On m’a appris très tôt la distinction entre les couleurs qui appartenaient à mon sexe et celles que je devais n’aimer que partiellement pour ne pas y faire honte.

 

Le féminin s’est construit à travers le temps à coup de restrictions et d’ignorance. Cette croyance selon laquelle les femmes et les hommes devraient avoir des comportements distincts module les interactions jusqu’à les normaliser. Inévitablement, une hiérarchisation des rôles s’en suit, et donc, une inégalité.

 

Les femmes ne sont pas bonnes en mathématiques. Les sciences…non, ce n’est pas un domaine de femmes. Les femmes ne veulent pas être chefs d’entreprise ; elles n’aiment pas les conflits ni la compétition.

 

Vraiment ? Non, nous ne sommes pas en 1950. Oui, j’en ai entendu des répliques comme celles-là en 2015.

 

Se laisser aller à ces généralisations sexistes, c’est contribuer à renforcer les stéréotypes qui dictent ce que sont les comportements acceptables pour chacun des sexes. C’est classer les individus dans des cases bien distinctes pour s’assurer de ne jamais remettre en cause la dite normalité. C’est de croire que certaines professions appartiennent uniquement à un sexe et de blâmer la nature pour le clivage.  Les métiers n’ont pas de sexe. Les compétences sexuées sont enseignées aux enfants alors que, dans leur cerveau, il n’y a aucune différence.

 

Depuis un certain temps, j’ai développé une allergie très sévère à tout ce qui relève du « comment être une femme. » L’étendue de restrictions auxquelles je devrais me soumettre m’étouffe et me répugne. Pourtant, les murs de cette cage invisible se forment d’un sexisme tellement ordinaire qu’il ne paraît pas important de s’y attarder.

 

Et si on s’affranchissait de ces règles qui ne font que nous asservir?

 

Personnellement, je n’en peux plus d’entendre les gens blâmer la nature pour toutes ces différenciations sexistes.

 

Il n’existe pas UNE façon d’être femme. Être femme, c’est être un individu à part entière. Point barre. Tout le reste n’est que construction. Et encore là, ce n’est que ma définition.

 

Cette obsession maladive que nous entretenons à figurer les femmes en une catégorie me donne le vertige. Cet étonnement envers toute femme exprimant haut et fort ses envies. Ce refus de croire que, non, les femmes n’ont pas peur de l’affrontement, que oui elles peuvent vouloir devenir première ministre, que la force n’est pas une affaire d’hommes. Que la valeur et le mérite d’une femme ne sont pas définis par sa capacité d’attirer le genre masculin. Qu’elles n’aient pas besoin de se regard pour se valider.

 

Pendant longtemps, je me suis demandé à quel moment je passerais de fille à femme. Pour moi, être une femme signifiait être entière. La peur de dire mon opinion, bien qu’elle dérange, n’a pas gagné sur mon envie d’être entendue. Tranquillement, je me détache du portrait restreignant de la femme…celui que l’on enseigne sans en mesurer les conséquences, celui qui ne se conjugue jamais au pluriel.

 

Être femme résonnait en moi comme une position noble que j’espérais désespérément atteindre. J’y voyais une force brute. Tellement de femmes m’inspirent à aller plus loin et à oublier le moule dans lequel j’aurais dû grandir….je les remercie profondément. Dans ses portraits éclectiques se trouvait une harmonie désarmante.

Photo credit: elisecathlene / Foter / CC BY-ND

Passionnée à temps plein et rêveuse à ses heures, Carolle-Anne s’intéresse à trop de choses pour les nommer. Amoureuse inconditionnelle de théâtre et d’écriture, elle vit de créativité et de phrases bien tournées. Elle explore, découvre et apprend à tous les jours. Elle étudie le journalisme et la communication. Féministe et très fière de l’être.

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