Il y a quelques jours, j’ai appris comme nombre de personnes à travers le monde, l’outrage porté à l’encontre de la liberté d’expression. Aujourd’hui plus que n’importe quel autre, Charlie Hebdo se fait le symbole de la liberté de la presse, du droit inviolable et fondamental d’ouvrir sa bouche.  

Il me semble superflu d’axer ce texte sur les terroristes qui ont remué le cœur de la France. Il me paraît plus censé de parler des victimes. Elles qui, ne sont en aucun cas des boucs émissaires. Charb déclarait «  C’est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux. » Cet homme ainsi que ses compatriotes n’ont pas toujours fait l’unanimité. Bien souvent ils divisaient l’opinion public. Ils incarnaient ceux qui allaient « trop loin », ceux qui provoquaient, ceux qui raillaient, et bien d’autres choses encore.

Eux qui se permettaient les plus violents outrages ne sont pas morts, loin de là, ils sont devenus immortels. Je m’inquiète désormais des retombées que vont susciter ces événements. Le climat politique n’étant déjà pas au beau fixe en France, je crains une montée des extrêmes. La première victime de l’idéologie islamiste radicale, comme le disait Charlie, ce sont les musulmans.

L’un des meilleurs ennemis de Charlie, le FN[1], n’a d’ailleurs pas attendu bien longtemps pour surfer sur un climat de peur, de tristesse et de haine, parfois, pour annoncer au lendemain de la tuerie, son projet de referendum sur la peine de mort.

Démarche abjecte et arriviste d’un parti extrémiste que l’on ne peut que déplorer. Les caricaturistes de Charlie Hebdo se retourneraient dans leur tombe si leur mort était l’atout gagnant du dessein du Front National. Le corps de Charlie Hebdo n’était pas encore froid qu’ils étaient déjà devenus un outil politique de choix.

Bizarrement, cet événement a réaffirmé mes convictions. Moi qui suis une étudiante en journalisme, j’ai toujours défendu cette noble cause qu’est la liberté de la presse ainsi que le droit à l’expression. Prête à tous les combats pour l’information à travers le monde. Aujourd’hui, je suis d’autant plus convaincue de l’importance de cette vocation. 

Néanmoins, l’attentat m’a frappé comme une gifle un jour de grand froid. Ca claque, ça pique, ça chauffe et cela laisse une empreinte rougeâtre sur le visage. Même dans un pays démocratique, on peut mourir pour ses idées. On meure pour des paroles, des écrits, des traits de crayon et des lignes claires, aussi cinglantes soient-elles.

Le métier de journaliste est un métier meurtrier. Il était entaché de sang depuis de nombreuses années mais aujourd’hui dans mon esprit, la presse est maculée d’hémoglobine et de haine. 

Cet attentat a ébranlé la conception que je pouvais me faire du journalisme en Europe. J’avais tendance à oublier comme bien d’autres personnes que la liberté d’expression n’est pas innée, elle n’est pas acquise. C’est un droit que nous devons protéger et réaffirmer jours après jours. Dans mon esprit, si je ne partais pas couvrir un génocide sanglant en tant que journaliste de guerre à l’autre bout du monde, je ne prenais pas de risque. Pourtant, la réalité est venue me frapper de plein fouet. Cela réveille, je vous l’assure. 

Je ne suis malheureusement (ou heureusement), pas la seule à mettre réveillée d’un long rêve rempli d’amour et de bonté, la France a également dû écourter sa paisible nuit. La France, cet état qui incarne la définition même de la république. La France, c’est la démocratie, la révolution, les droits de l’homme, le peuple souverain, etc, etc.

De plus, ce peuple nous a prouvé qu’il pouvait également être l’acteur d’un changement social. C’est toute une communauté qui s’est mise en place dont la seule appartenance commune était leur indignation. Ils ont fait corps afin de démontrer à maintes manifestations qu’ils n’avaient pas peur et qu’ils comptaient défendre leur liberté d’expression férocement. Ils sont Charlie. Cette foule qui se rassemble pour scander, pour hurler, pour prier et pour être là. Ils sont un organisme vivant. Tel un monstre géant qui serait fait de millions de petits hommes. Il mettrait la ville à feux et à sang d’un coup de colère, il inonderait les rues d’un chagrin mais surtout, il crierait, si fort, que dans le monde entier on entendrait les cœurs des millions de français battrent à l’unisson, il crierait non pas sa peine mais sa grandeur. Ne touche pas à mes droits. Ne détruits pas mes idéaux. Ne t’attaque pas à la liberté. Tu risquerais désormais d’encourir la colère de ce géant.

Mon cœur est regonflé de courage et d’espoir. Je veux faire partie de ce monstre assoiffé de liberté. Je veux faire partie d’un changement positif dans notre société. Je veux me battre jusqu’à m’en écorcher les mains, je veux crier jusqu’à en perdre haleine.

Je m’appelle Eloïse Pirard, je suis étudiante, je suis belge. Je suis une femme, une femme Alpha. Mais qui plus est, je suis Charlie.

Haut les cœurs.

 

[1] Le FN ou Front National est un parti d’extrême droite dont les fondamentaux sont ceux du National-Populisme. 

Photo credit: Renegade98 / Foter / CC BY-SA

Je m’appelle Eloïse Pirard, je suis une jeune étudiante belge en journalisme. J’ai 20ans, un caractère de chien et une franchise qui me fait parfois défaut. 

 

Je fume. Je me sens bizarrement sophistiquée une clope à la main. Cigarette qui se consume dans de voluptueuses arabesques de fumée lors d’une chaude soirée d’été. Les cendriers se remplissent telles de petites urnes où j’y vois nombre de mes interrogations sans réponse. 

 

Je bois. Du vin blanc de préférence, c’est celui qui m’inspire la spontanéité et l’abandon de soi dans une gorgée. Le rouge m’amuse généralement moins. Il teinte mes dents d’un filtre carmin qui m’a toujours déplu. Et puis le rosé, c’est pour les pétasses qui passent leurs journées à se faire dorer la peau sur des transats. 

Je vis. Une brise de vent qui s’engouffre dans la légèreté de ma robe, des fous rire entre amis, des baisers entre amoureux mais également beaucoup d’échappées belles dans de nombreux pays. Des découvertes qui m’émerveillent et m’émeuvent. 

Et bien d’autres choses encore. 

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