Se sentir différente

Sur le terrain arrière de la maison, il y avait un espace entre un gigantesque sapin et le foyer, que ma sœur cadette et moi avions baptisé «le Camp Sauvage». À cette époque, plusieurs chats abandonnés circulaient dans le quartier et ma sœur et moi les avions tous adoptés et nommés. Plusieurs soirs après l’école, nous accueillions quelques amis qui aimaient aussi les chats et nous leur permettions de les nourrir et de les flatter. Nous achetions nous-mêmes les boîtes de nourriture pour nos amis félins afin qu’ils puissent manger à leur faim. Club sélect, une carte de membre (faite à la main avec précision) était requise et une affiche colorée accueillait nos invités. À 8 ans, j’avais alors, sans trop m’en rendre compte, développé ma toute première entreprise…

Quand j’étais enfant, ma mère me disait toujours que c’était une bonne chose, d’être différente. Elle me le dit encore parfois en riant au téléphone quand je lui raconte mes péripéties. Très jeune, j’ai appris à me battre pour mes convictions et à croire en moi et en les autres. Surtout, j’ai compris qu’il ne fallait pas lâcher les projets qui me tiennent à cœur afin qu’ils se réalisent. Malgré les épreuves, j’ai saisi le sens de l’effort et accepté les sacrifices qui vont avec la réussite.

Différente, ambitieuse, déterminée. Ces attributs, je les endosse aujourd’hui fièrement et les exploite à leur plein potentiel. Maintenant, il est rare qu’on arrive à m’ébranler, à me faire douter profondément de ma personnalité et je refuse en bloc toute catégorisation. Pourquoi? Parce que la vie est trop courte, tout simplement! Vivre avec les cadres imposés, les idées préconçues et les limites du raisonnable menacent mon être en entier.

Un jour, j’en ai eu assez d’aller à contre-courant dans ma propre vie et à me battre pour des sujets auxquels que ne croyais qu’à moitié. Je me sentais comme une morte-vivante, une condamnée qui se rend au boulot et qui à la fin de sa journée, ramène sa lourdeur en rentrant à la maison. Ce n’était pas moi, pas celle que je voulais être et que je savais pouvoir devenir.

L’événement déclencheur

La vie est parfois bien faite, car pour la première fois il y a quelques années, on a mis fin à mon emploi unilatéralement. Bonne affaire, car je me rapprochais de la dépression (un grand tabou!). Ça m’a permis de me rendre compte que, devant le vide, on devient plutôt créatif et efficace!

J’ai alors pris la décision la plus difficile de ma vie – car c’était LA bonne : me faire confiance, complètement. Vous connaissez, cette fameuse petite voix? Elle s’exprimait depuis longtemps, mais je l’avais bien muselée. En fait, les solutions raisonnables, logiques et objectivement bonnes ne me plaisaient pas, mais d’un autre côté, les raisons que je me donnais pour ne pas m’autoriser à sortir des sentiers battus étaient fondées sur des peurs, des craintes et des histoires malheureuses en provenance d’êtres chers qui avaient échoué en affaires. Je m’embourbais, sans emploi, sans vision d’avenir avec une maison à payer et un conjoint triste de me voir malheureuse.

Le déclic salutaire s’est fait à la suite de nombreuses lectures de management/conseils de vie (dont le livre «Les 5 grands rêves de vie» de John P. Strelecky) et lorsqu’une amie m’a demandé ce que je voulais vraiment faire de ma vie, vraiment-vraiment faire? «Être à mon compte», lui ai-je répondu. Et j’ai soudainement compris que j’avais emprunté à d’autres le besoin de stabilité, l’insécurité financière, la peur du risque et de l’inconnu, le découragement devant l’effort, la crainte d’échouer. J’avais et j’ai toujours eu des peurs dans la vie, mais celles-là ne m’appartenaient pas! Quel soulagement et constat étrange à la fois…

Convaincue et tenace, j’ai pu persuader mes proches que l’entreprise en valait la peine. Depuis, repousser les limites jusqu’à atteindre les miennes est devenu un jeu, presqu’un loisir, dans toutes les sphères de ma vie. Partir en affaires une fois, pourquoi pas deux fois et pourquoi pas tout faire en même temps?

Aux yeux de nombreuses personnes, entreprendre est menaçant. Pour d’autres, c’est exactement le défi qu’ils attendaient, souvent sans l’admettre, depuis longtemps.

Truc simple pour vivre sans culpabilité

Si vous croyez avoir une petite voix tenace qui exerce contre vous des pressions pour entreprendre, pourquoi ne pas essayer au lieu de douter? D’ailleurs, si vous êtes game, je vous propose d’essayer une technique difficile mais tellement stimulante (imaginée par Tim Ferris dans son ouvrage «La semaine de 4 heures») : à l’avenir, à chaque fois que vous aurez un doute, une crainte, un sentiment de vulnérabilité devant un défi, tentez d’imaginer réellement ce que serait le pire scénario si vous échouez (Allez-vous mourir, tomber malade, perdre un être cher ou simplement acquérir beaucoup d’expérience si vous voyez l’échec comme une occasion d’apprentissage?). Envisagez également le meilleur scénario si vous réussissez et visualisez comment vous vous sentirez (Fière, libre, épanouie, plus riche?).

Surtout, commencez maintenant, pas demain, pas une fois que tel événement sera passé, maintenant. La vie est trop courte, rappelez-vous, pour entreprendre tout ce que vous souhaitez réaliser!

Cela ne se fait pas sans effort, mais apprendre à gérer ses angoisses et ses doutes afin de vivre pleinement et librement est à la portée de toutes.

Vous, quelle est votre histoire entrepreneuriale? Comment avez-vous surmonté les doutes et les obstacles?

Passionnée, je suis une entrepreneure dans l’âme. Avocate membre du Barreau du Québec et diplômée d’une maîtrise en études internationales des HEI de l’Université Laval, je suis depuis 2013 consultante associée du cabinet Synergica, dont la mission est d’offrir des conseils de gestion et de ressources humaines, efficaces et pratiques qui améliorent la synergie au sein des entreprises de la région de Québec. Ma force : motiver les employés et simplifier la tâche des dirigeants en optimisant les processus stratégiques. Mon parcours polyvalent apporte à mes clients, associés et partenaires des idées créatives et de la flexibilité dans la réalisation des actions. 
Dans mes loisirs, en plus d’être bénévole auprès de diverses organisations (Jeune chambre de commerce de Québec, Théâtre Premier Acte, Les OQP, Entrepreneuriat Sainte-Foy), j’aime découvrir et apprendre, à travers des voyages et des lectures inspirantes. Comme sources de fierté, je suis nouvelle maman d’une adorable fillette, je libère du temps pour m’entraîner et je savoure chaque petite joie de la vie!
darina@synergica.ca
Linkedin: darinabruneau

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