Incertitude. Doute. Cette situation que nous aimerions, plus souvent qu’autrement, bannir de notre vie. Cette situation qui fait parfois apparaître en nous des sentiments d’angoisse, de peur et de perte de contrôle. Cette situation avec laquelle, encore aujourd’hui, j’ai parfois de la difficulté et qui, certaines journées plus que d’autres, me déstabilise.

Je ne crois pas connaître de personnes dont l’histoire a un début, un milieu ou une fin certaine. La vie, en elle-même, consiste en le fait de ne pas savoir, de devoir s’adapter et de vivre le moment présent en essayant de faire du mieux que l’on peut de cet instant, malgré ce sentiment d’incertitude. Mais n’est-ce pas là la beauté de la chose ?

Mes paroles semblent bien sages, certains diront-ils. Est-ce que j’essaie de me convaincre moi-même ? Probablement. 

Certaines personnes, comme moi, douteront plus que d’autres. Ohhhh combien de fois ai-je douté, tant dans ma vie professionnelle que personnelle ! « Est-ce la bonne décision ? » « Vais-je le regretter ? »

Je pense que la société dans laquelle nous vivons renforce ce sentiment de doute. Depuis notre tendre enfance, la société nous enseigne qu’il faut obtenir un bon diplôme, d’une bonne école, pour ensuite faire de l’argent et acheter une propriété. Rencontrer l’être cher et fonder une famille et ensuite continuer à faire de l’argent pour s’assurer d’avoir une bonne retraite. Bref, la société nous envoie constamment des signaux de ce que devrait être notre vie.  Ou est-ce peut-être nous-mêmes qui construisons cette idée de ce que la vie devrait être ? Peu importe. Que ce soit l’une ou l’autre de ces situations, ou une combinaison des deux, il n’en demeure pas moins qu’il est normal, et surtout sain, d’en venir à douter de nos choix lorsque ces derniers semblent s’écarter de cette réalité.

Cela est encore plus vrai, à mon avis, lorsque nous nous dirigeons vers des professions libérales comme le droit ou la comptabilité, pour ne nommer que celles-ci. Petit à petit, je pense que cela tend à changer, mais toujours est-il que ces domaines, souvent conservateurs, renforcent cette idée qu’il y a UNE voie à suivre pour avoir du succès ou, du moins, c’est la perception que j’avais à mes tout débuts. Pour moi, une partie de mes doutes professionnels sont venus du fait que je voulais prendre un chemin différent.

Je l’avoue, ma carrière juridique n’est certes pas une ligne droite ! J’ai d’abord débuté dans le secteur parapublic. Pourquoi ? Notamment par choix. Toutefois, déjà à cette époque, je doutais. La réussite des jeunes avocats semblait être associée au fait de pouvoir travailler dans un grand cabinet. « Quelle allait être la perception des gens ? » « Allaient-ils penser que j’étais une moins bonne avocate ? »

Après deux ans dans ce secteur, j’ai finalement quitté pour aller étudier quelques mois à l’étranger. Encore une fois, j’ai douté. « Est-ce la bonne chose de quitter ? » « Vais-je retrouver un emploi à mon retour ? »

Et puis, après une session à l’étranger, j’ai finalement déménagée à Montréal où j’ai travaillé dans un cabinet privé. Pourquoi maintenant ? Par acquis de conscience je crois. Après un certain temps, je ne le sentais plus. J’ai donc fait le saut vers la consultation. D’un point de vue carrière, cela aura probablement été mon plus grand doute. Un avocat dans un cabinet de consultants ? Est-ce que ça se fait vraiment ? Est-ce que je m’éloigne trop de la voie à suivre, soit cette fameuse ligne droite ? « Tant pis », me suis-je dit. Mon emploi comme consultante m’aura finalement amené dans mon poste actuel, c’est-à-dire en entreprise.

Comme vous pouvez le constater, j’ai un parcours sinueux passant du secteur public, au cabinet privé, pour ensuite faire le saut vers la consultation et finalement me retrouver en entreprise. De plus, comme si ce n’était pas assez, j’ai débuté ma carrière en droit du travail, pour ensuite pratiquer en droit de l’environnement et finalement me retrouver en droit des technologies de l’information. OUF ! 

Ai-je encore des doutes ? ASSURÉMENT ! Malgré tout, j’aimerais dire à celles qui ont des doutes de tout simplement les accepter, car c’est normal d’en avoir. Et je pense que c’est encore plus normal lorsque nous voulons, d’une certaine façon, explorer et sortir des sentiers battus.

Pour certains, cette parfaite ligne droite sera LE chemin à suivre. J’ai plusieurs de mes ami(e)s qui ont suivis cette voie et qui sont parfaitement heureux. Mais sachez que la ligne droite n’est qu’une option parmi tant d’autres, car ce qui convient à l’un ne convient pas nécessairement à l’autre. Et c’est malheureusement parfois ce que nous oublions pour nous-mêmes. Avec le recul, malgré le fait que je vis toujours des doutes, je sais que mes choix ont fait de moi l’avocate que je suis aujourd’hui et que l’expérience diversifiée que j’ai vécue ainsi que le chemin sinueux que j’ai parcouru dans ma carrière sont tout aussi valables. 

Alors continuez à douter et foncez ! Car la beauté de l'incertitude est que, malgré l'angoisse ou la peur qu'elle peut nous apporter, elle est également synonyme d'ESPOIR. L'espoir qu'un jour, nous occuperons LE poste que nous souhaitons. Certaines personnes prendront plus de temps que d'autres ou auront un parcours plus sinueux, mais n'oublions jamais que, comme le dit le dicton, tous les chemins mènent à Rome !

Photo credit: Moyan_Brenn / Foter / CC BY

Écouter, conseiller, challenger. Voilà 3 mots qui ont toujours fait partie de ma vie. Ce n’est donc pas surprenant que je me sois dirigée vers le droit, en 2003. Depuis mon inscription au Tableau de l’Ordre en 2008, mon parcours professionnel m’aura permis de travailler dans différents secteurs. Alors que certains diront que je ne tiens pas en place, je répondrai simplement que j’ai la soif d’apprendre, d’explorer et d’améliorer mon sort ! Enseignante et conférencière à mes heures, j’ai toujours eu un penchant pour le partage de mon savoir et de mes expériences. Bien que je ne me considère pas comme les « Oprah » de ce monde, j’espère tout de même, à ma façon, pouvoir contribuer à la société. Lorsque l’opportunité d’utiliser ma plume pour transmettre mes expériences s’est présentée à moi, je ne pouvais qu’accepter !

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