Nous sommes à l’été 2006. Je visite un B & B sympathique à Mount Eden, près de Auckland, et je tombe en amour avec la Nouvelle-Zélande. Malheureusement, je suis dans le pays des kiwis pour quelques jours seulement puisque ma destination finale sera Sydney pour étudier une session à l'University of Technology. J'ai 23 ans à l'époque, l'âge parfait pour profiter de trois mois à l'étranger et découvrir ce que l'Océanie a à offrir, mais on dirait que je suis incapable de me laisser aller.

Je continue donc mon parcours universitaire avec 4 cours, l'équivalent de 5 ou 6 au Québec. J'ai un stage à compléter, mais je décide évidemment d'en trouver deux plutôt qu'un. Je passe une journée par semaine dans les bureaux d'un magazine de mode prestigieux et une autre dans une agence de relations publiques qui représente des marques populaires. Je devrais triper, mais je panique. Je m'ennuie de mon copain de l’époque et de mon entourage donc j'évite les temps libres pour ne pas trop y penser. Au lieu de partir en Thaïlande pendant la semaine de relâche ou dans les Blue Moutains avec les autres la fin de semaine, je décroche un emploi dans un deli près de mon appartement. Je travaille pour un Chinois et un Népalais qui ne parlent pas vraiment anglais et avec une Australienne hystérique aux cheveux gris et grichous qui me tire souvent son couteau en criant des bêtises parce que je je ne fais pas les sandwichs comme elle. Un jour, je me souviens très bien qu’elle m'a fait verser des larmes devant une cliente. J'étais vulnérable, mais elle ne méritait pas de me voir partir. Je suis donc restée jusqu'à la fin, même si je détestais ce travail et que j'avais une opportunité inestimable de voyager. En quittant, je lui ai dit que je ne ferais pas des sandwichs toute ma vie...

Même si c’était arrogant pour une fille de 23 ans, je savais que c'était vrai. Près de 10 ans plus tard, je travaille maintenant pour moi. Je peux dire que j'ai atteint mon premier grand sommet, celui qui me semblait impossible à gravir. Ma vision du travail et de la vie ont complètement changé, mais mon désir de me dépasser et ma soif d'aventure sont toujours aussi présents. Maintenant que j'ai franchi cette grande étape, je sens que c'est le moment idéal pour retourner en altitude et réaliser cet autre rêve que j'ai abandonné il y a tant d'années...

Le 12 décembre 2015, je passerai la nuit dans le même B & B à Auckland. Cette fois, je ne pars pas étudier ou travailler (pas à tous les jours du moins) puisque je serai en route vers le Sud de la Nouvelle-Zélande pour réaliser la plus longue randonnée de toute ma vie. Seule avec un sac à dos qui risque de me briser le dos à me gambader dans l'un des parcs nationaux les plus impressionnants au monde (j'ai des frissons juste à y penser). Je dois avouer que je panique encore un peu puisque je suis une fille souvent dans la lune qui gagne à voyager avec quelqu'un, mais je sais que je vais y arriver. 

Étrangement, le prix du billet d'avion pour revenir au Québec coûte le même prix si je passe par Sydney. Je considère donc retourner visiter les lieux qui me sont familiers et passer enfin une fin de semaine dans les Blue Moutains. Peut-être même que j'irai commander un sandwich au restaurant où j'ai travaillé. J'aimerais vraiment remercier la femme aux cheveux grichous de m'avoir encouragée à ne jamais abandonner et lui dire que la vie nous donne parfois une deuxième chance de réécrire sa propre histoire…

Révision par Josée Goupil

Incapable de se résigner à quitter sa ville, Amélie a choisi de bâtir sa carrière à Québec tout en voyageant parfois à l'étranger pour s'inspirer et se ressourcer. Après huit ans d'expérience en communication au sein de différentes entreprises publiques et privées, elle a récemment décidé de se lancer à son compte à titre de rédactrice et journaliste pigiste. Les mots ont une grande importance dans sa vie et elle souhaite transmettre cette passion aux autres pour leur permettre de découvrir, de réfléchir ou d'agir.

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