De la mondialisation au lien : un paradoxe indispensable
Plus on se mondialise, plus on a besoin de créer des liens. Vous allez me dire : « c’est bien ridicule cette phrase! ». Allons donc effleurer ce paradoxe.


Nous sommes devenus des personnes hyper connectées, disposant d’une technologie hyper développée. On ne s’étonne plus de parler via Skype à une personne en Australie, en Chine, au Brésil ou au Sénégal. C’est tellement banal d’envoyer des messages via Internet au monde entier! Parlez-en à la génération digitale! Pour elle, la terre est presque plate et les gens qui la composent sont des citoyens du monde tellement c’est facile de se parler via Internet.  

Voici quelques chiffres de 2015, qui peuvent nous donner le tournis : 
•    42% de la population mondiale est connectée à Internet (soit 3.025 milliards d’internautes);
•    68% d’internautes sont inscrits sur les réseaux sociaux;
•    204 millions de courriels sont envoyés chaque minute, 
•    4 millions de recherches Google sont effectuées. 
•    60% du trafic Web se fait sous forme de vidéo…


C’est impressionnant, non? Et le rouleau compresseur numérique ne fait que s’accélérer. Dans quelques années, l’être humain sera « gigaconnecté ». Grâce à cette révolution digitale, le monde entier est en concurrence. Cette règle ne s’applique pas seulement aux grandes entreprises, mais chaque PME, entrepreneur et travailleur autonome doit réfléchir à la concurrence planétaire. Un exemple personnel : je travaille fort à développer ma pratique de coaching. Or maintenant, via le Web, n’importe quelle personne peut effectuer ce type de rencontre via Skype. Une amie à moi se fait coacher par une personne en Australie afin de développer son entreprise. Il y a dix ans encore, ma grand-mère, âgée de 80ans, était impressionnée par la qualité de nos communications avec le téléphone…


Seulement, avec cette révolution vient aussi l’autre côté du spectre, c’est-à-dire une société d’isolement où les liens sociaux semblent se dégrader (rupture sociale, familiale ou professionnelle). Personnellement, travaillant de la maison, je peux passer ma journée dans mon bureau sans rencontrer personne. Mes communications s’effectuent essentiellement via des outils technologiques. Positivement, je peux aussi remarquer qu’autour de moi, les gens cherchent à créer des liens : création de réseaux d’entrepreneur, de 5 à 7 où on dessine ensemble en écoutant de la musique dans un café, d’espaces de travail collaboratif… Il y a donc un réel besoin de contact humain. Je pense que ces liens doivent se créer dans un environnement de proximité tout en étant conscients des enjeux mondiaux. Voilà le défi du monde que nous voulons inventer : vivre le « micro » tout en intégrant le « macro ». Ce défi demande une grande flexibilité mentale et une acceptation de vivre dans l’ambiguïté et la complexité. D’où l’importance de ne pas être seul. Nous ne devons pas choisir entre le « micro » ou « le macro ». Mais, nous devons intégrer les deux, comme nous devons apprendre à vivre avec la technologie et l’importance des liens humains. Nous sommes entrés dans l’aire du « ET » (référence à Olivier Zara). Tout un monde de possibilités.


Il faut passer d’une société de performance à une société d’épanouissement (et là je fais référence aux travaux de Seligman), et d’une société du bien, où le but est de posséder des biens matériels à outrance,  à une société de lien, où notre capacité à créer des liens sera une compétence concrètement recherchée, car elle permettra de mettre en relation les êtres humains entre eux et ainsi co-créer un monde en constant changement (référence à Jean-Paul Delevoye). Pour illustrer mes propos,  je vais citer Darwin : « les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ». Alors, bon voyage au pays de l’intégration du paradoxe et au plaisir de vous y croiser.

Révision: Josée Goupil

Stéphanie est psychologue du travail et des organisations. Elle est passionnée par l’être humain dans toute sa splendeur et sa diversité (l’humain est fabuleux). Elle vibre au son de l’innovation, de la créativité, et du lien social.  Elle est composée de plusieurs années d’expérience dans divers domaines: recrutement, formation, coaching, intervention en climat de travail et intelligence collective. Elle a une devise : se transformer pour transformer le monde.

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