D’aussi loin que je me souvienne, personne ne m’a enseigné l’amour. Ni mon père, ni ma mère, ni les deux ou trois cours de sexualité auxquels j’ai assisté au secondaire. On ne parlait pas de sexe; on parlait de contraception, ou encore du côté technique, voire biologique, de la « chose ». Le malaise était palpable, du prof aux élèves : pendant que les uns ricanaient, se croyant très connaissants en la matière (tant qu’à moi, ils ne faisaient que feindre par orgueil, habitude qui - entre vous et moi - s’est perpétuée dans le temps), les autres rougissaient jusqu’à la racine des cheveux. Quant au prof, elle tentait tant bien que mal de maintenir la discipline dans ce chaos, tout en se questionnant en secret, j’en suis sûre, sur sa propre sexualité.

J’ai donc appris par moi-même, ou plutôt avec mon premier « partenaire » qui était intoxiqué au moment de s’exercer. Oui, c’est dans cet « univers » que j’ai appris… pas grand-chose d’utile. En fait, la gamine que j’étais en apprenait des choses, par contre pas très catholiques. J’ai enregistré, du haut de mes 14 ans, qu’il fallait être « cochonne » et « open », sinon je n’étais pas digne d’intérêt. J’ai appris que j’avais des avantages puissants: de gros seins, un beau « cul » et un corps mince et proportionnel. 36-24-36. Mon visage et mes yeux par contre, ne m’étaient d’aucune utilité. Ni même mon coeur ou mes mots. Pas plus que mon intelligence ou mon univers intérieur. Ça n’intéressait personne. Surtout pas mon « chum ». Et je vous épargne les cris de mon coeur, que j’étouffais sans vergogne, les jugeant enfantins et tout droit sortis du film de Cendrillon.

Mon « chum » de l’époque, quant à lui, apprenait dans les films XXX qu’il écoutait en cachette à Super Écran (ses parents étaient riches, son père absent et sa mère alcoolique). Il fantasmait de me voir exécuter les mêmes prouesses que la blonde aux gros seins avec des lèvres pulpeuses. Alors j’ai appris à trouver ça hot d’être une apprentie. Il paraît que c’était sexy, parce que derrière mes lunettes et mon style de fille sérieuse et intellectuelle, on me comparait facilement à une secrétaire - ou bibliothécaire, c’est selon - « cochonne » qui était avide de sexe torride dans ses temps libres. Ça attirait beaucoup l’attention. On m’a même surnommée « Jessica Rabbit » dans mon album de finissants, à cause de mes courbes fantasmagoriques. Mais le pire, c’est que j’en étais fière.

Alors j’ai « acté », longtemps, la chose. Jusqu’au jour où j’ai rencontré un extra-terrestre. Un gars qui, de toute évidence, n’avait pas eu Super Écran comme école. Lui, il voulait m’entendre, m’écouter, me regarder dans les yeux. Il était si respectueux et doux qu’il m’a déstabilisé. Je le trouvais « plate », trop fin. Pouvez-vous croire!? Mais heureusement, avant que je ne décide de prendre mes jambes à mon cou par orgueil (parce que oui, je n’avais JAMAIS appris à faire l’amour, alors je me sentais incompétente), il a eu le temps de m’apprendre la douceur et la sensualité. Je lui en suis encore aujourd’hui reconnaissante.

N’empêche qu’il m’a fallu des années avant de défaire les « patterns » que j’avais appris dans mes débuts. DES ANNÉES! Des années avant de comprendre que le sexe, c’est beau, même le « sale », tant que l’on s’aime. Que mon corps inclus ma tête et mon coeur, et que je dois les considérer et les écouter. Que m’ouvrir à un homme est un cadeau et que je dois m’apprivoiser et l’apprivoiser lui. Mais la plus grosse épreuve a été pour moi de comprendre que c’était facile d’ouvrir les jambes, mais pas mon coeur, ni mon âme. Pourtant, ça devrait être les PREMIÈRES portes d’entrée…

Alors moi, la maman d’aujourd’hui, j’ai parlé sexe avec ma fille dès l’âge de 10 ans. J’ai (oui, oui) utilisé les mots ; orgasmes, clitoris, pénis, respect, amour, séduction, masturbation, plaisir, coeur, yeux, sentiment et sexe dans la même heure. Je lui ai dit que les gars sont généralement de gros malhabiles mal informés et maladroits. Je lui ai dit que ses gros seins et son beau « cul » feraient tourner des têtes, même celles de certains de ses profs. Mais je lui ai aussi dit qu’elle était beaucoup plus qu’un corps. Je lui ai dit la vérité, aussi crue et sans pudeur que j’ai pu. Je lui ai suggéré d’apprivoiser sa sexualité avec un gars avec qui elle se sentira en confiance, un gars qui la regardera dans les yeux, et qu’elle regardera à son tour, jusqu’à ce qu’un bien-être envahisse et mouille son corps.

Le sexe, c’est encore caché. On est une belle société de malhabiles ricaneurs qui pètent souvent plus haut que le trou en la matière, qui en parlent sans « fausse » pudeur, qui se croit ouverte et mature. Pourtant, quand je la regarde, notre chère société, je revois le même portrait que dans ma classe de secondaire. À qui la faute? À mon premier mec qui n’avait pas plus appris que moi? Non. À son père qui a trompé sa mère en cachette avec les d’autres femmes? Non. Mon humble avis, c’est la faute du tabou. Point final.

Alors, parlons sexe. Et parlons d’amour. Cessons de nous taire. Osons la vérité, aussi crue soit-elle.

Révision: Josée Goupil

Photo credit: PinkMoose / Foter.com / CC BY

Life Designer, j’aide mes clients à trouver leur vérité et à passer à l’action afin de dessiner, puis construire et vivre leur vie de rêve. J’aime aider les gens à oser se sentir libres, vivants et motivés.

Adepte de la vérité, j’aime la profondeur et l’authenticité tout en aimant m’amuser, dédramatiser, vulgariser et simplifier.

Fermement engagée à explorer et nourrir mon idéal de vie, je crée, je lis, j’écris, je ris, je chante du karaoké, je cuisine et et j’adore voyager. J’aime quand ma vie goûte bon, sent bon et respire la beauté.

Et comme je veux tout - because I want it all - il y a aussi mes indispensables-amours qui enrichissent et pimentent ma réalité. Ma mission du moment consiste à gérer mon temps entre mes aspirations, une mini (adorable) en terrible two et une grande (magnifique) en crise d’ado, tout en essayant de boire des jus verts pour déjeuner, d’intégrer le yoga à ma routine santé et de m’évader de temps en temps pour un instant passionné avec mon fiancé.

 

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