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Dernièrement, j’ai eu la chance de rencontrer une femme politique très appréciée de sa circonscription. Une femme généreuse qui croit fondamentalement que les femmes et les hommes politiques ont la capacité et le devoir de faire avancer les choses, une femme qui veut être au service de la population, par passion et en toute sincérité. 

Attention, je ne suis pas en train de faire l’apologie d’un parti. Cette entrevue s’inscrit dans un désir de mettre en lumière des femmes inspirantes de tout horizon, sans jugement. Dans les prochains mois, je présenterai sans doute des portraits de femmes issues d’autres partis politiques. Or, Mme Maltais a été approchée en premier car elle est députée de la circonscription où Femmes Alpha a pris naissance. Aussi, Mme Maltais a toujours eu à cœur les questions d’égalité entre les hommes et les femmes et c'est pourquoi nous l’avons choisie en premier lieu.

À l’heure où les hommes et les femmes politiques sont régulièrement malmenés voire ridiculisés par les médias (et les gens en général), je crois qu’il est important d’apprendre à mieux les connaître en tant qu’individus. Mon entrevue n’était donc que très peu à saveur politique, et j’ai voulu mieux ressentir la femme derrière le politique.

J’ai été agréablement surprise. Voici ses réponses!

 

1.     Qu’est-ce qui vous rend heureuse?

J’adore réussir ce que j’entreprends. J’aime régler des dossiers politiques qui peuvent parfois avoir un impact important sur la vie des gens.

J’aime l’amour, l’amitié, vivre profondément et intensément.

 

2.     Enfant, aviez-vous un rêve?

Changer le monde. Je voulais faire quelque chose qui ne serait pas anodin. Je rêvais de participer à quelque chose de plus grand que moi, servir à quelque chose. Je voulais changer le monde!

 

3.     Avez-vous peur de quelque chose? 

Non.

Par contre, on peut avoir peur quand quelque chose survient, donc avoir peur en réaction à un danger qui survient et qui nous fait peur. Mais, je n’ai pas peur de personne…

 

4.     Quelles raisons vous ont poussée à vous lancer en politique?  

J’ai toujours baignée dans la politique. Je suis tombée dedans toute petite, de par mon père qui était le maire du village et par ma famille qui était très engagée dans sa communauté. À table, on jasait de ce qui se passait dans le village, on parlait de sujets comme les taxes et les autres enjeux qui touchaient la communauté. 

Mon père a aussi été député fédéral pendant deux ans. Puis, ma mère est elle aussi devenue mairesse du village et elle a été la première femme préfet au Québec.

Plus jeune, il m’était donc naturel de m’impliquer dans mon milieu. Un moment clé pour moi a certainement été le début de mon implication bénévole pour le PQ et pour la cause de la souveraineté.

Puis, je me suis présentée aux élections provinciales pour la première fois en 1994. Plusieurs femmes politique étaient également actives politiquement dans ma circonscription : Linda Cloutier, Winnie Front. Nous avons regardé qui se présentait aux élections : la plupart des candidats en liste étaient des hommes universitaires âgés de plus de 60 ans. Alors, on s’est dit ‘ça prend une femme!’.

J’ai été battue aux élections de 1994, mais je suis revenue en 1998 où j’ai finalement été élue.

Je dois dire que le fait d’avoir été entourée de femmes politiques comme Winnie Front m’a certainement influencée positivement. Elles ont été des modèles importants pour moi.

 

5.     Qu’est-ce que ça prend pour faire de la politique?

Ça prend des convictions, sinon on ne tient pas la route. De la confiance en soi, car le propre de la politique est de débattre, et il faut savoir prendre les arguments des autres et savoir échanger.

Ça prend aussi une grande capacité d’écoute et de collaboration. Il ne faut pas seulement être et agir en dirigeant, il faut agir en partenariat avec les gens.

 

6.     Est-ce que le milieu de la politique est plus difficile pour une femme que pour un homme à votre avis? En tant que femme, avez-vous eu à faire face à des obstacles particuliers dans le cadre de votre vie professionnelle? Si oui lesquels?

Personnellement, je n’ai pas vécu d’obstacle en particulier, mais c’est plus facile aujourd’hui pour une femme de faire de la politique, car les barrières ont été brisées et des femmes ont accédé comme ministre aux ministères les plus importants, comme la finance, l’éducation et même au poste de première ministre. Bon, il n’y a pas encore de femme évêque…

Plusieurs facteurs retiennent les femmes de se lancer en politique.

Premièrement, même si notre société a évolué, les femmes prennent encore plus soin de la famille et des enfants que les hommes. Alors, tout est dans la conciliation travail-famille. En même temps des femmes l’ont fait, comme Pauline Marois, donc c’est possible.

Ensuite, à la différence des hommes qui ont tendance à se lancer plus tôt en politique, les femmes attendent d’avoir assez d’expérience pour se lancer. Elles veulent atteindre un certain succès professionnel avant de se lancer en politique, car elles veulent avoir une bonne base.

 

7.     Quelles sont les différences entre une femme politique et un homme politique?

Je ne peux plus dire qu’il y a une différence entre un homme et une femme politique, surtout avec la nouvelle génération qui est arrivée, les 40 ans et moins. Pour eux,  la notion d’égalité homme-femme fait partie de leur éducation.

Maintenant, le problème reste encore le nombre de femmes en politique. Surtout, que nous avons récemment reculé. Nous étions à 33% de femmes politiques et maintenant nous en sommes à 28%...

Alors, c’est encore un monde d’homme.

 

8.     Que pourrait-on faire pour convaincre des femmes de choisir une carrière comme politicienne? Ou quelles sont les actions qu’une société pourrait poser pour améliorer la représentation des femmes à l’Assemblée Nationale (et à la Chambre des Communes)?

Il faudrait que les femmes sachent à quel point c’est merveilleux et fascinant. On a accès aux plus grands cerveaux, on peut agir sur la société et aider concrètement les gens. Nous avons le pouvoir de transformer la vie des gens concrètement dans nos circonscriptions et en élaborant des projets de lois qui ont un impact sur la société. C’est très nourrissant et gratifiant comme emploi!

La gratification est encore plus forte que les critiques.

 

9.     Qu’aimeriez-vous dire aux jeunes femmes d’aujourd’hui?

Ayez confiance en vous. Vous avez entre les mains une société qui croit en l’égalité homme-femme.

Oui, il y a encore certaines discriminations, mais le monde vous est ouvert, alors profitez-en, saisissez-le, amusez-vous et changer la société.

 

10.  Avez-vous eu et avez-vous encore des modèles, des femmes qui vous inspirent? Lesquelles?

De la personne qui pose un simple geste courageux aux grandes femmes politiques qui aident les femmes du monde entier qui vivent dans l’inégalité et la violence, le courage m’inspire. Le courage peut se retrouver dans plusieurs personnes. Le courage de Mme El-Rhazoui de Charlie Hebdo, qui malgré le drame, se relève et continue. 

Michelle Bachelet que j’ai vue présider une rencontre à l’ONU et qui a réussi à faire passer une entente internationale sur l’égalité homme-femme.

 

11.   Finalement, avez-vous un grand rêve?

Bien sûr mon grand rêve politique est de faire du Québec un pays. En fait, ce que je voudrais vraiment c’est de voir des québécois autour de la table des négociations internationales. Que les québécois aient vraiment une voix dans le monde et puissent s’exprimer sur des questions majeures comme les changements climatiques. Nous devons faire partie de la décision. Les québécois ont une tradition missionnaire.

Je rêve que les québécois puissent aider les autres dans le monde. Que nous vivions ce rêve-là, changer le monde dans le monde.

La cause de l’égalité homme-femme et des droits sur la planète m’a toujours tenu à cœur. Je l’ai d’ailleurs beaucoup exprimé à travers ma vie théâtrale et politique. 

Quand j’entends Boko Haram, État Islamique…je pense aux petites filles touchées et je ressens le besoin de transmettre ce désir d’égalité. Le désir de tendre la main vers les femmes du monde entier.

Je suis co-fondatrice d'Atelier Ëdele, une entreprise de literies en coton biologique pour les enfants avec une forte philosophie d'engagement social. Je contribue également depuis peu au club des petits déjeuners comme co-organisatrice d'un événement d'envergure. Au sein de la communauté Femmes Alpha, je joue le rôle d'éditrice en chef et idéatrice. Ayant déjà fait quelques changements de carrières, passant de pilote d'avion à analyste politique à entrepreneure, je peux affirmer être une femme guidée par ses passions profondes et qui aime l'aventure! Comme vous, je désire laisser une empreinte positive dans la société et inspirer d'autres femmes à suivre cette voie. Ah et je suis également mère!

 

joelle@femmesalpha.com

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